COVES / GROTTES

J’ai toujours représenté des grottes.
Simples baumes, abris pour des averses ou des caches amoureuses, de plus grandes cavités regroupent les familles sous leurs voûtes
rassurantes. Une grotte est parfois simplement évoquée par son entrée en arc. L’apparition d’un monstre la transformera en antre. Elles deviennent des cavernes quand sur leurs parois sont projetées les ombres mouvantes des arbres et celles des humains. Lorsqu’ils tournent leurs yeux vers la lumière, leurs bords rocheux sont le cadre du tableau de la nature.
J’ai toujours représenté des animaux.
Dans mes croquis puis dans les motifs des décors céramiques, enfin dans mes peintures. Certaines d’entre elles se souviennent des rupestres, et je revois les amples panses des chevaux, la délicatesse de leurs naseaux. Dans la quête des grottes il faut aussi traverser des rocailles, affronter des parois, passer par des failles. Le motif devient alors essentiellement minéral.
La peinture est une pêche à la ligne, soit son acronyme « PALL », titre de la toile qui fait l’affiche de cette exposition. Cette pêche est toujours hasardeuse mais il suffit de plonger dans la mémoire et le rêve, celui des plantes odorantes jaillissant entre les roches polies, des nappes liquides aux reflets mouvants, des trouées du ciel dans les ramages.
Dans les eaux et les ombres filent les fuseaux des poissons argentés et la toile se peuple des lacets des anguilles.

Sébastien FRÈRE - Sorède, janvier 2025

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